Voix des experts

Du 11 au 13 décembre se tenait le SIMI, le Salon de l’Immobilier d’Entreprise. A cette occasion, nos experts Building Solutions ont tenu une conférence sur « La rénovation des bâtiments : catalyseur des nouveaux enjeux d’espaces ? » animée par Philippe Conus, Directeur Building Solutions, Aymeric Tissandier, Directeur Technique et Innovation, Pierre Gales, Directeur VINCI Energies idF et Eric Cassar, Architecte du cabinet Arkhenspaces.

Découvrez les grandes lignes de cette conférence dans cet article.

Philippe Conus a ouvert cette conférence avec le constat suivant : « Le secteur du bâtiment est au cœur des préoccupations environnementales avec 45% des consommations énergétiques et 25% des émissions de gaz à effet de serre. C’est environ 40% des déchets produits donc bien plus que le secteur du transport. »

Il a poursuivi par les principaux enjeux à relever en 3 points :

• Accompagner la transition énergétique puisque le bâtiment fait partie des secteurs les plus énergivores en France. La responsabilité des acteurs de la filière est forte pour atteindre les objectifs très ambitieux fixés au niveau européen et français (décret tertiaire, loi énergie climat).

• Accompagner la mutation des usages avec les nouveaux modes de travail ou encore la mixité des espaces immobiliers qui mêlent habitations, commerces et bureaux.

• Accompagner les mutations technologiques avec l’arrivée du numérique, la digitalisation des patrimoines, des actifs techniques ou l’évolution des systèmes d’exploitation des bâtiments (GTB) qui se rapprochent de plus en plus de l’informatique.

« Ces 3 enjeux sont valables pour tout type de bâtiments mais encore plus pour l’immensité du parc existant. On estime aujourd’hui en Europe que 70% des bâtiments sont inefficaces énergétiquement et moins de 1% de ces bâtiments sont rénovés chaque année. Nous avons donc un immense chantier devant nous. » conclut Philippe Conus en introduction.

Aymeric Tissandier de poursuivre sur la notion d’impact carbone pour relever le défi environnemental : « la rénovation n’a pas forcément un impact positif sur le carbone mais elle a un impact. Nous devons être capables de le mesurer. Cela consiste pour toute construction d’un bâtiment, à mesurer l’impact de nos activités sur les gaz à effet de serre (GES) : depuis les matières premières jusqu’à la fabrication des équipements, en incluant le transport et le coût énergétique du chantier. On utilise une unité : la tonne équivalent en CO2. Cette mesure commence dès la construction, mais elle couvre tout le cycle de vie du bâtiment. »

Et Pierre Gales de compléter ce propos : « L’intérêt d’une rénovation c’est de minimiser cet impact. Par exemple, faire le choix de changer intégralement des fenêtres, c’est coûteux et parfois peu rentable du point de vue du carbone, avec un retour carbone qui peut excéder la durée de vie des menuiseries. Au point qu’il pourra être plus pertinent d’investir dans la remise à niveau ponctuelle des menuiseries, et dans l’isolation intérieure de la façade. »

La force du réseau Building Solutions est la coordination de nos entreprises de maintenance et de travaux, indispensable pour apporter une vision globale de la rénovation sur tout le cycle de vie d’un bâtiment.

Aymeric Tissandier l’a fortement soulignée ainsi que Pierre Gales : « Nous arriverons à faire la meilleure proposition avec une vision globale et en travaillant ensemble. Par ailleurs, tous les métiers doivent discuter entre eux et avec toutes les parties prenantes que sont les architectes et les clients. »

La table ronde s’est poursuivie sur les enjeux du numérique et des usages dans le cadre d’une rénovation, appuyée par la récente collaboration de VINCI Facilities avec l’architecte Eric Cassar pour la création du livre blanc « Ensemble, travailler en c(h)oeur – Nouveaux usages et nouveaux espaces à l’ère du digital » mettant en perspectives l’évolution des modes de travail et la manière dont nos métiers doivent s’adapter.

Eric Cassar a mis en lumière certains éléments clés décrits dans le livre blanc : « Avant, rénover c’était avec une vision d’un bâtiment passif. Il faut aujourd’hui l’aborder d’un point de vue « diversité ». La notion de mouvement est très importante. Par le passé, un architecte organisait les espaces les uns à côté des autres et ces derniers restaient les mêmes dans le temps. Alors que maintenant, ils bougent. C’est l’idée de coordonner l’espace, de le transformer selon les besoins – presque en temps réel. C’est aussi là qu’intervient le numérique. »

Et de poursuivre : « Le numérique permet de mettre la bonne énergie au bon endroit au bon moment. On peut recréer des gradients de température, imaginer des espaces qui vont mieux répondre à nos besoins pour avoir une atmosphère idéale qui change en fonction des saisons, de la localisation. »

Pour relever ces défis ambitieux, l’animateur s’est intéressé à la manière dont les entreprises Building Solutions arrivent à adresser leurs clients sur les problématiques techniques et servicielles.

Aymeric Tissandier a repris la parole : « Nous allons devoir innover dans les matériaux et les usages avec des outils adaptés pour estimer l’empreinte carbone et piloter les bâtiments. Mais aussi des outils pour apprécier les scenarii de rénovation. Pour cela, nous travaillons déjà avec la solution HELIOS Exchange qui permet d’avoir un jumeau énergétique du bâtiment pour visualiser les meilleures actions de performances énergétiques. »

Enfin, Pierre Gales a conclu cette table ronde par un message fort et positif : « Notre métier d’énergéticiens se retrouve au cœur de ces nouveaux enjeux et c’est très enthousiasmant. C’est un grand défi mais il me semble que nous avons quelque chose à bâtir de formidable. »

Suivi de Philippe Conus : « Je suis convaincu qu’un véritable projet de rénovation réussie c’est d’arriver à mettre tous les acteurs autour de la table – les exploitants, les constructeurs, les architectes ou encore les installateurs – et de prendre en compte les différents enjeux économiques, environnementaux et sociologiques pour créer de la valeur pour tous. »