ROLAND-GARROS : Un chantier emblématique en site contraint
Le pôle Tertiaire IDF dispose d’une équipe de direction de projets. Il faut que la taille et la complexité du projet le justifient. C’est le cas de Roland-Garros, à l’orée du Bois de Boulogne. Antoine GRAND-DUFAY, Directeur de projet VEF Tertiaire IDF a déjà participé à la construction de l’Allianz Riviera à Nice (2011-2013) et de Paris La Défense Arena (2014-2017). Il nous en dit plus sur ce projet pour le moins atypique.
Quel est le rôle de la Direction de projets ?
La Direction de projets assure le pilotage de tous les essais coordonnés pour l’ensemble des entreprises. Elle assure aussi la coordination des études de pré-synthèse en BIM. Nous sommes également mandataire du groupement VE et au quotidien, nous gérons tous les aspects contractuels du projet.
Pour Roland-Garros, nous intervenons en tant que sous-traitant de VCF. Dans les faits nous avons été mobilisés depuis la signature du contrat en 2015 et en étude effective depuis 2017.
Je suis plus précisément en charge de piloter le groupement d’entreprises VINCI Energies constitué de SAGA Tertiaire pour la plomberie, Phibor Espaces pour les courants forts et la VDI, et Tunzini Process pour la CVCD.
Quel était le cahier des charges de la FFT (Fédération Française de Tennis) ?
La FFT a lancé un appel d’offre en 2015 pour la modernisation et l’agrandissement du stade Roland-Garros, avec la couverture du court central Philippe Chatrier, grâce à un toit rétractable.
C’était le premier tournoi du Grand Chelem à initier de tels travaux avec une restructuration lourde du court central.
Dans un contexte compliqué, VINCI Construction France a remporté l’appel d’offres face à Bouygues.
Quel est la particularité de ce chantier ?
Roland-Garros est un chantier complexe. Nous devons réaliser nos travaux en assurant la compétition chaque année.
La grande difficulté de ce projet réside dans la combinaison de travaux lourds de restructuration dans les espaces conservés, avec en parallèle des travaux neufs.
Seuls 10% des espaces devaient être conservés, et finalement ont été largement réhabilités : accueil et vestiaires des joueurs, restaurant et bar des joueurs, zone médicale, bureaux de la FFT et quelques salons VIP, locaux techniques.
Le court central est au cœur du projet. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Afin que le tournoi ne soit plus tributaire de la météo, la FFT souhaitait que le court central soit surplombé d’un toit rétractable.
C’est la couverture du court central qui a engendré une réhabilitation complète du stade parce qu’il fallait reprendre l’intégralité de l’ouvrage jusqu’à ses fondations.
Il s’agit d’une couverture mobile de 3700 tonnes soit la moitié de la Tour Eiffel, représentant 11 ponts roulants de 350 tonnes avec une portée de 105m et une hauteur de 3m. Seules les poutres maîtresses sont actuellement installées. Le toit sera opérationnel pour le tournoi 2020.
Avez-vous utilisé le BIM ?
Dès le deuxième étage de l’ouvrage la structure est composée d’un mélange de béton armé et de charpente métallique. Traditionnellement le charpentier métallique travaille en 3D. Au regard de la complexité des locaux construits sous les gradins, nous avons décidé d’investir en BIM pour fiabiliser les études. La FFT pourrait être intéressée d’exploiter cette maquette à l’avenir.
Quelles étaient les principales difficultés ? Avez-vous pris des mesures spécifiques pour ce chantier ?
Le hors d’eau a été assuré la veille du tournoi par la mise en place d’une résine sur les gradins : lors des intempéries, nous avions des venues d’eau dans nos locaux, ce qui était compliqué pour la mise en place de nos tableaux électriques et nos équipements sensibles à l’eau.
Il y a des enjeux forts en termes de sécurité. Pour autant nous avons dû maintenir l’activité en réfléchissant à des mesures de protection des ouvrages et des personnes. Nous avons tout de suite collaboré avec VCF, en présence des équipes QSE des entreprises et de la coordinatrice sécurité du pôle, Laurence ORDRONNEAU-TEILLET sur le déploiement sécurisé de nos équipes en présence d’eau.
La sécurité a été un point de vigilance encore plus important que sur d’autres chantiers, en termes d’accompagnement et de sensibilisation. En effet, près de 250 personnes ont été mobilisées lors du pic d’activité de janvier à mars, avec plusieurs enjeux de co-activité.
Enfin, la logistique est un point essentiel en site contraint. Il n’y avait qu’une seule voie de livraison pour le Gros Œuvre et les Corps d’Etat. Ce qui génère beaucoup d’attentes et d’aléas pour nos livraisons. La majeure partie des projets investissent aujourd’hui pour dissocier les flux. Aussi, les stockages sur site étaient très limités. Pour y pallier, nous avons installé des bases arrière pour chacune des entreprises avec des zones de stockage dédiées.
Où en êtes-vous actuellement ? Quelles sont les prochaines étapes ?
Nous réalisons 80% de nos travaux en 2019 et le restant en 2020. Cette année, il s’agit une mise à disposition de certains espaces (locaux techniques, espaces média et loges pour les joueurs également, à l’exception des espaces VIP).
Nous nous démenons pour que la FFT puisse préparer la compétition. Après quinze jours d’état des lieux, nous nous effaçons pour laisser la FFT faire l’habillage événementiel du chantier. Pendant le tournoi, nous assurons la maintenance des installations 7/7j avec astreintes. Nous réinvestissons le chantier dès le lendemain de la finale.
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