La maintenance en milieu médical : mieux vaut prévenir que guérir
Les établissements médicaux sont des bâtiments critiques disposant d’une grande variété d’installations techniques. Ils nécessitent une vigilance toute particulière pour garantir la sécurité des patients. Dans ce secteur en pleine mutation, quels sont les enjeux de la maintenance, les points de vigilance, les expertises souhaitées et les nouvelles attentes ?
Stéphane Bretin, Chef d’entreprise VEF Facilities IDF Tertiaire nous livre son expérience de la maintenance dans les établissements de santé.
1. Quels sont les enjeux de la maintenance dans les établissements de santé ?
La disponibilité est un des enjeux majeurs, ce qui signifie un fonctionnement sans interruption des installations, en particulier celles critiques qui sont en lien direct ou indirect avec le patient.
D’autres enjeux sont aussi prioritaires dans ce secteur :
• la mesure et la maîtrise de l’impact énergétique lors de la conduite des installations et des actes de maintenance,
• la garantie de la sécurité sanitaire de l’environnement patient,
• la maîtrise des coûts sur le temps long de cycle du bâtiment,
• et enfin l’apport d’innovations dans un secteur atypique à la frontière entre le tertiaire (présence d’occupants, nombreux services) et l’industrie (process, service H24, technicité, puissances engagées).
2. Quels sont les dispositifs médicaux soumis à la maintenance ?
Le panel des installations soumis à la maintenance ou au contrôle réglementaire est vaste. Dans notre activité, nous sommes en charge des installations multitechnique et beaucoup moins des équipements en relation directe avec des patients. Cependant, cette activité de maintenance bio médicale est forte et réglementée.
3. Sur quels points le professionnel de la maintenance doit-il être vigilant ?
Il doit être vigilant sur la connaissance du milieu dans lequel il intervient et sur les risques auxquels il s’expose ou il expose son environnement. Il est nécessaire d’anticiper et d’alerter sur les situations pouvant être à la source de crise majeure. Une vulgarisation est alors nécessaire auprès du personnel qui ne dispose pas des compétences techniques nécessaires. Ceci afin de partager et d’évaluer ensemble les conséquences potentielles. Un plan de contournement doit être prêt en permanence pour faire face à une situation de crise et assurer la continuité.
4. Comment l’exploitant doit-il construire sa politique de maintenance ?
Les établissements de santé ont des installations et des dispositifs médicaux lourds et coûteux. Il est donc nécessaire de miser sur une maintenance préventive importante pour identifier et corriger rapidement toute dérive avant un dysfonctionnement majeur.
Ce sont des bâtiments « temps long », avec des exigences réglementaires fortes (qualité d’eau, qualité d’air, secours électrique…). Il est nécessaire d’assurer la fiabilité des installations avec les pièces d’origine, du personnel compétent, une gestion rigoureuse. Le plan de maintenance est établi et s’alimente des retours d’expérience à l’aide des démarches industrielles d’amélioration continue : AMDEC, 8D, 5S, …
5. Quelles précautions faut-il prendre avec la télémaintenance ?
Lorsqu’elle est bien utilisée, la télémaintenance apporte plutôt des avancées. Il est cependant nécessaire, de faire une sorte d’analyse des data et des événements à posteriori des interventions et des dépannages et de les confronter à la situation terrain de l’installation concernée. En effet, tout n’est pas perceptible à distance. La somme des petits incidents mineurs pourra faire l’objet d’un audit plus précis sur place. L’utilisateur, l’environnement, les conditions sont autant d’éléments non palpables en télémaintenance.
6. Quels conseils pratiques pouvez-vous donner aux professionnels de maintenance ?
Mon premier conseil est d’écouter son client, les occupants et les utilisateurs avant de partir sur une fausse piste.
Il est de notre responsabilité de garder une installation propre et rangée, c’est la première des maintenances qui permet de détecter instantanément une anomalie. Cela donnera envie au mainteneur d’aller plus loin. On se doit aussi d’assurer une traçabilité sans faille des interventions. Enfin, il est très utile de tenir sa documentation/ses plans à jours et rendre l’information disponible au plus grand nombre.
7. Quelles sont les qualifications et expertises demandées pour un professionnel de maintenance ?
Les qualifications demandées sont très nombreuses suivant le corps de métier du mainteneur et son domaine d’intervention ainsi que le niveau d’expertise attendu.
Au même titre que les qualifications, les expertises sont aussi vastes que les problématiques rencontrées sur le terrain : diagnostic sur un automate, problématique sur la performance d’un circuit frigorifique ou bien sur l’arrêt intempestif d’une supervision des alarmes…
8. Quels sont les nouveaux services que nous pouvons apporter ?
Ces dernières années nous avons élargi nos prestations traditionnelles à une palette beaucoup plus large, pour répondre aux nouveaux enjeux de ce secteur. C’est le cas de la maintenance dans les établissements de petite taille (itinérants, petits travaux tout corps d’état) pour s’occuper de l’ensemble des problématiques techniques des bâtiments et des équipements et proposer un service d’interlocuteur unique.
Ce sont aussi :
• Des audits techniques des salles informatiques (stockage des données patients, applications des services) pour leur optimisation (surface, fiabilité, …)
• La maquette numérique du bâtiment dans sa version exploitation (BIM)
• Un développement des prestations et services dédiés aux occupants
• Des solutions innovantes avec l’IoT pour l’optimisation de la gestion des salles de consultation
• La mise à disposition d’un carnet sanitaire électronique pour l’air et l’eau
• Une solution d’hyperviseur pour concentrer et visualiser les données d’exploitation, de maintenance, de confort, d’énergie… pour un bâtiment ou pour l’ensemble d’un patrimoine
Le champ des nouveaux services est vaste.
9. Quels sont les critères de choix de vos clients ?
Il y a deux critères essentiels : la maîtrise technique et le coût, à savoir, être dans le prix marché dans un secteur en pleine mutation.
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